Les très petits syndicats s’invitent dans les TPE

Profitant de critères de sélection souples, trois syndicats presque inconnus (CNT, CAT et SAP) sont candidats aux élections dans les TPE en décembre. Une manière de communiquer auprès de leurs 4,6 millions de salariés électeurs aux frais de l’Etat.

Ce sont les invités surprises des élections syndicales dans les TPE (moins de 11 salariés), du 28 novembre au 12 décembre. Lundi dernier, la Direction générale du travail a annoncé que, outre les candidatures des « gros » syndicats (CGT, CFDT, FO, CFTC, CGC, Unsa, Solidaires), celles de trois organisations quasi inconnues ont été retenues, portant à 10 le nombre de syndicats en lice pour ce scrutin, dernière étape de la réforme de la représentativité, qui vise à… clarifier le paysage syndical.

On y retrouve d’abord, seule à disposer d’une petite notoriété, la Confédération nationale du travail (CNT), « anarchosyndicaliste et révolutionnaire », née en 1946 du départ de militants CGT refusant la mainmise du PC. Elle ne compte que 150 syndicats et 5.000 adhérents mais a fait montre de sa virulence dans les actions contre le CPE en 2006 et contre la réforme des retraites en 2010. La seconde, la Confédération autonome du travail (CAT), a, elle aussi, été créée en 1953, par des cégétistes claquant la porte, mais sur des bases opposées : elle est « réformiste » et rechigne au conflit, au point d’être parfois traitée de « syndicat jaune » (au service du patronat), ce qu’elle réfute. Elle revendique 20.000 adhérents et une présence dans 200 entreprises, dont Darty, Carrefour et la MAIF.

Des critères souples

Le dernier candidat mystère est aussi le dernier-né : le Syndicat antiprécarité (SAP) est apparu en 2008, à l’initiative de cégétistes « durs » de Veolia Transport, en conflit avec leur fédération. Concentrés dans l’Ouest parisien, ses… 400 adhérents luttent « contre la précarité de l’emploi » en misant sur l’action juridique, « trop délaissée par les gros syndicats ». Le SAP a présenté une centaine de candidats aux élections prud’homales de 2008, obtenant un siège, à Nanterre.

Que viennent-ils faire dans ce scrutin ? « Nous ne touchons aucune subvention et n’avons pas les moyens de communiquer. C’est une opportunité unique de se faire connaître gratuitement ! », explique sans ambages Serge Bouakil, vice-président de la CAT. De fait, le ministère du Travail assurera l’envoi de la propagande électorale aux 4,6 millions de salariés électeurs. Ces trois organisations ont habilement profité de critères d’éligibilité souples fixés par la loi sur la représentativité (deux ans d’existence, indépendance, respect des valeurs républicaines) pour s’inviter dans l’enveloppe.

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